Cet article est la suite de Les prémices des Montres LE MEUR, nous sommes donc au début de l’année 2021 et la collection des chronographes de régates a rencontré un certain succès l’année passée. Comme évoqué dans l'article précédent, ce succès me laisse penser qu’il y a une vraie demande pour le « Fattu in Corsica » (« Fait en Corse ») en matière d’horlogerie.

Je décide alors de ne pas me rémunérer et de tout réinvestir pour acheter du matériel de pointe et financer la prochaine collection.

Je lance donc ma marque, les montres LE MEUR, avec cette volonté de développer ce nouveau secteur d’activité sur notre ile, de vivre de ma passion auprès des miens, et in-fine de créer de l’emploi dans ce domaine passionnant qu’est l’Horlogerie.

J’aménage alors une pièce qui deviendra ma salle des machines afin d’étendre mon espace de travail et ainsi gagner en efficacité tout en trouvant une place pour mes nouvelles machines-outils.

Ayant intégré l’Institut d’Administration des Entreprise (IAE) de Corse pour un Master en Management d’entreprise et une spécialisation en Marketing, j’y trouve alors les outils qui me permettent de mieux gérer mon projet professionnel et mon travail de Master 1 consiste en la réalisation d’une étude de marché me permettant de m’assurer que mon envie de monter en gamme et de proposer des montres de Luxe Fattu In Corsica est viable.

J’ai également la chance d’intégrer le programme Pépite Corse et bénéficie de conseils et coaching qui m’aident à cadrer mon projet. Cela m’offre également la possibilité de participer à différents concours d’entreprenariat et j’ai la chance de remporter plusieurs prix (Start’In Corsica, U Premiu, Prix Pépite France).

Cela me permet d’y trouver un contact privilégié avec de grands acteurs régionaux avec entre autres : l’ADEC (Agence de Développement Économique de la Corse), Corse Matin, Comité Régional de l’Économie Sociale et Solidaire, et a Fundazione di L’universita di Corsica Pasquale Paoli.

Voici quelques illustrations qui proviennent de l'étude de marché réalisée :

Après cette étude de marché qui a fait office de travail de diplôme pour mon Master 1 à l’IAE de Corse, les conclusions étaient les suivantes :

  • Il est important d’arriver sur le marché avec un prix attractif afin de prouver à nouveau mon savoir-faire et ainsi créer cette relation de confiance avec mes clients

  • La qualité ne doit pas être impactée par ce positionnement tarifaire et mes montres doivent être de véritables montres de luxe.

  • A la vue de ma petite capacité de production annuelle (environ 60 pièces), il est intéressant de proposer des pièces personnalisées car cela me donnerait un avantage concurrentiel face aux grands noms de l’horlogerie.

  • Utiliser un mouvement Suisse largement répandu dans le monde de l’horlogerie de Luxe afin d’être certain que les pièces détachées soient disponibles sur le long terme, et d’ainsi s’assurer que la montre sera une pièce que l’on pourra porter et transmettre.

Pour remplir ces critères tout en gardant un prix d’entrée sous la barre des 1500€, je décide de ne pas intégrer mes heures de travail lors du calcul de prix afin de ne faire aucune concessions sur la qualité et ainsi rendre accessible la première montre de luxe faite en Corse.

Je commence alors la modélisation 3D de mon modèle, réalise des prototypes imprimés en résine afin de m’assurer que mon design et son ergonomie répondent à mes attentes, et après une longue série de prototypes et de modifications, je valide enfin mon modèle 3D et passe alors au dessin technique.

La réalisation de ces dessins techniques a pour objectif d’ensuite contacter des industriels capables de réaliser pour moi ces pièces détachées.

Ici, des prototypes du modèle A Prima imprimés en résine, sortant à peine du bac d'impression.

Une fois ces derniers prêts, un industriel réalise le premier prototype en acier inoxydable et me l’envoie pour validation.

Après inspection de ces prototypes et l’application des dernières modifications, me voila enfin avec les pièces qui constitueront la première montre de Luxe faite ici en Corse.

En attendant que la production de mes pièces détachées s’achève, je continue un projet que j’avais en parallèle : réaliser mes cadrans directement depuis mon atelier de Solenzara.

Le passage d'une plaque brute à un cadran LE MEUR, réalisé à Solenzara

Cependant, peindre un cadran avec une telle précision est une tâche complexe et exigeante, et il me faudra un peu plus de 3 mois de recherche et développement et d’essai pour parvenir à réaliser moi-même un cadran qui satisfasse mes critères de qualité.

Alors que j’étais en train de concevoir et réaliser cette montre, la question du nom s’est posée. Comment nommer ce premier modèle pour les montres LE MEUR ? C’est le nom « A Prima » qui a fini par s’imposer, signifiant « La première » en Langue Corse, elle allait être la première montre de luxe à naitre sur notre ile. Ce nom évoque également implicitement qu’il y en aurait d’autre par la suite, ce qui est parfaitement en adéquation avec ma volonté de développer sur le long terme mon activité de création horlogère indépendante.

Naturellement, le lancement de ce premier modèle ne s’est pas simplement résumé à cela ; en effet, j’ai la chance d’avoir un travail qui me permet de gérer ce projet de bout en bout, en partant d’une simple idée que l’on couche sur papier, pour le transformer en une pièce d’horlogerie bien réelle.

Cela demande bien-sûr une certaine pluridisciplinarité, une curiosité et une envie d’apprendre et d’acquérir des savoir faire variés et complémentaires pour mon projet.

Recherche et développement, design, dessin technique, modélisation 3D, prototypage, recherche d'industriels et fournisseurs, budgétisation et pricing, contrôle de gestion, photographie, montage vidéo, Web design, contrôles et tests de conformité, réalisation de cadrans, et enfin réglage, lubrification, assemblage et tests de mes garde-temps...

Il n’est pas habituel que l’ensemble de ces tâches, qui parfois relèvent d’un métier à part entière, soit réalisées par une seule et même personne. C’est cependant une expérience enrichissante qui me permettra - lorsque je l’espère je créerais de l’emploi dans ce secteur d’activité – d’être polyvalent dans l’entreprise et de pouvoir interagir de façon pertinente et concrète avec l’ensemble des métiers qui la constitueront.

 

Je décide également de décliner ce modèle avec des éditions spéciales qui présentent un cadran en nacre, ainsi qu’une édition limitée à 10 exemplaires en 38mm et 42mm de diamètre comportant un cadran en météorite véritable.

Ce dernier matériau, véritable tranche de météorite qui de par ses reflets donne son esthétisme si particulier à cette édition limitée, est habituellement réservé à des pièces extrêmement onéreuses, dont les prix peuvent être de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Avec cette édition limitée, l’objectif était de rendre plus accessible ce matériau si particulier et aux reflets saisissants.

Enfin, le fait que je sois seul à assurer la réalisation de ces montres et que je réalise les cadrans et les gravures à l’unité rend alors possible le fait de personnaliser ces garde-temps afin de vous permettre d’obtenir une montre unique et porteuse de sens. C’est d’ailleurs de là que vient le slogan des montres Le Meur : « Montres exclusives et porteuses de sens ».

En effet, « exclusive » car je ne peux produire qu’une petite quantité de montre chaque années (environ 60), et « porteuses de sens » à la fois pour le fait que je suis allé en Suisse me former à l’horlogerie pour finalement revenir vers ma terre natale et y développer cette nouvelle activité, mais également parce que, grâce à ces personnalisations, ces montres peuvent devenir la matérialisation d’un évènement important, d’une personne ou de votre personnalité.

 

Les particularités du modèle A Prima ainsi que les principales étapes de sa réalisation au sein de mon atelier de Solenzara seront détaillées prochainement dans les Pensées Horlogères.

Merci de m’avoir lu et n’hésitez pas à commenter ou à revenir vers moi si vous souhaitez échanger autour de notre passion commune pour l’horlogerie.

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22 juillet, 2022 — Jean Dominique Le Meur